Responsabilité.
Ce qui me pousse à écrire c’est l’envie de partager mon évolution, les prises de consciences qui ont ponctuées ma vie de maman et la façon dont j’ai choisi d’accompagner mes enfants à grandir vers eux même. Lorsque j’écris ces lignes, mon ainée a 8 ans. Il y a donc presque exactement 9 ans, j’apprenais que j’allais être un parent, une maman. Je pense que la transformation s’est opérée au moment précis où je découvrais que j’allais porter la responsabilité d’une vie. Je ne m’alimentais plus seulement pour moi, mais aussi pour cet être qui allait grandir en moi. Je dormais pour deux. Je respirais pour faire battre deux cœurs. C’était transcendant, grisant et effrayant en même temps.
D’ailleurs, en tant que femme et future mère, j’avais le sentiment d’endosser seule ces responsabilités nouvelles. Son papa lui, avait un futur rôle plutôt abstrait. Il pouvait manger ce qu’il voulait, vaquer à ses occupations, prendre la liberté et la responsabilité de sa propre fatigue ou de sa propre humeur. Seul mon ventre qui s’arrondissait de semaines en semaines, pouvait le ramener à sa future responsabilité de père. Quant à moi, je me sentais responsable de notre alimentation, à toutes les deux. J’avais la responsabilité de respirer le bon air, de reposer suffisamment le corps qui nous portait toutes les deux. J’avais la responsabilité de veiller à ne pas trop maltraiter ce corps pour qu’il soit suffisamment en énergie pour donner la vie le jour J.
Je crois que nous ne sommes pas assez préparé à ça. Cette responsabilité qui s’empare de nous, qui nous demande soudainement de faire ce que nous avions, pour beaucoup d’entre nous, jamais réellement pris le temps de faire : s’occuper de ce corps. Cela devient soudain nécessaire. Une priorité même. Pour certaines futures mamans, prises de nausées, il ne faut que quelques jours pour que celui ci ce manifeste et leur dise : « oh hé ! va y doucement ». Elles sont immédiatement plongées au cœur de leurs responsabilités, contraintes de revoir totalement leur alimentation et leur rythme de vie. Pour d’autres, dont j’ai fait partie, la responsabilité vient plutôt frapper le mental. « Alors, voilà ma chère, tout ce que tu vas t’interdire de manger, de faire et même de penser à partir de maintenant et pour 9 mois – et sans râler s’il te plait ». Pour toutes, c’est la mise entre parenthèse de ce qui s’apparentait jusqu’à lors au petit plaisirs simples de la vie mais « c’est pour la bonne cause », comme s’entêteront à vous le répéter pendant 9 long mois Mme Simone, votre voisine qui a tellement hâte de voir ce bout de chou pointer le bout de son nez, Le dr Frotis, votre Gynéco qui dégaine la sonde d’échographie plus vite que son ombre et Mademoiselle Périnée, votre Sage-femme qui claque des doigts comme personne et vous palpe le col comme on tâte le cul d’un melon pour vérifier sa maturité.
La responsabilité de ce petit bout de vie, c’est ce qui s’empare de vous en premier quand votre test de grossesse vous fait la joie ou la surprise d’afficher un « plus ». Maintenant que j’y pense, je me demande ce que signifie ce plus ; plus de responsabilité, plus de joie, plus de courage, plus d’humain sur terre, plus de bonheur, plus de tracas, plus d’injonction, plus de devoirs, plus de kilos et plus d’amour. C’est un gros plus, qui vous amène à grandir, à vous transformer, à devenir une nouvelle personne, à basculer vers une nouvelle étape de votre.
Mais la vérité c’est que cette évolution sera parfois rapide, parfois ralentie, parfois invisible, parfois impressionnante de rapidité mais qu’elle durera aussi longtemps que votre vie durera parce que nous portons en nous la responsabilité d’accompagner nos enfants à grandir, à devenir des adultes qui s’estiment et ont confiance en eux et en leur avenir. De ma transformation, ce que j’appellerai plus tard mon éveil, je vous partage ici les moments forts et les moments si discrets qu’ils auraient pu passer inaperçus. Comment j’ai pris conscience de ma responsabilité de maman, de ma contribution auprès d’eux et pour le monde en portant mon attention à toujours prendre assez de recul sur le rôle que l’on me propose de jouer auprès de ces enfants dont je suis la maman. Je fais le souhait que ces modestes écrits trouveront échos chez vous, que vous y trouverez parfois du réconfort, que vous y puiserez l’énergie de dépasser les moments les plus difficiles, que vous y trouverez l’humour nécessaire pour ne pas céder aux moments de désespoirs et que vous pourrez y déposer votre colère chaque fois qu’elle pointera le bout de son nez dans votre vie de parent surmené et malmené par un quotidien qui ne facilite pas toujours l’épanouissement familial.
Image par Patou Ricard de Pixabay