Porter.
Nos bébés naissent avec le besoin d’être portés. Ici nous ne parlons pas d’envie mais d’un besoin vital.
Démonstration.
A la différence de nombreux mammifères, les bébés humains naissent immatures. La taille de leur cerveau représente seulement 25 % de la taille du cerveau d’un adulte (et le cerveau atteint sa maturité totale vers l’âge de 25 ans. Autant dire que lorsqu’on demande à un enfant de 5 ans d’être responsable et raisonnable, il est intéressant de savoir se dire que son cerveau va encore maturer plus de vingt ans avoir de pouvoir tenir des raisonnements similaires aux notre. Cela, a de quoi légèrement modifier nos attentes vis à vis des plus jeunes !).
Le stade foetal avancé
Notre bébé, qui vient donc de passer 9 mois dans l’utérus de sa mère, mettra encore 9 mois après sa naissance pour acquérir des capacités motrices suffisantes lui permettant de commencer à se déplacer seul. De 0 à 9 mois, il s’agit d’une période qualifiée de « stade fœtale avancé » par les scientifiques. Être porté est alors une absolue nécessité pour bébé, puisque cela répond à un besoin vital : avant ses 9 mois , bébé est dans l’incapacité totale de se déplacer seul,(et bien plus tard pour certain puisque 9 mois n’est qu’une moyenne), il est donc soumis au bon vouloir d’un‧e adulte disposé‧e à répondre à ses sollicitations et donc ses besoins physiologique (être nourri, langé, soigné déplacé) et émotionnels (être rassuré, compris, bercé, câliné) ou encore être secouru dans une situation de danger immédiat.
Cela est différent pour d’autres espèces.
Toutes les espèces portent-elles leurs bébés ?
Les bébés dits « nidifuges » par exemple, comme les veaux, ou les poulains, naissent maturent. Ils sont en capacité de se déplacer quelques heures après leur naissance. leur mère à proximité, ils sont en capacité de se nourrir seuls (c’est encore mieux que l’allaitement à la demande, c’est allaitement en self-service !).
Les nidicoles sont des bébés qui naissent immatures. Ils sont programmés pour rester protégés par leur nid, pendant que les parents vont chercher à l’extérieur de quoi les nourrir. Pendant l’absence des adultes, ils ne crient pas, pour ne pas se faire remarquer. Le bébés humains ne sont pas nidicoles même si la modernisation et le matériel de puériculture semblent tendre vers l’idée de poser les bébé là tous prix, les études sur le cerveau montrent qu’émotionnellement, il est impossible pour un bébé humain de rester éloigner de la présence des adultes. Il a besoin des interactions, de la présence d’autres individus et surtout qu’on prenne soin de lui en répondant à ses besoins lorsqu’ils les expriment (le plus souvent par des pleurs).
Les marsupiaux quand à eux, naissent immatures et évoluent dans une poche dans laquelle ils sont allaités en continuent. On dit que se sont des bébés « portés passifs », puisque l’ensemble de leurs besoins trouvent une réponse immédiate sans qu’il n’est besoin de se mettre en action pour les exprimer.
Les primates, eux, naissent également immatures. Comme les bébés humains, ils expriment leurs besoins par de petits cris. Les adultes sont donc toujours en alerte pour y répondre et pour cela, les bébés primates ont la capacité de s’accrocher au pelage de leur mère qui peut ainsi vaquer à ses occupations tout en s’occupant de son petit. Ce sont des bébés « portés actifs ».
Les bébés sont des bébés portés passifs, acteurs de leur portage
En résumé, nos bébés humains, n’ont pas un cerveau assez mature pour évoluer et se déplacer seuls pou se nourrir. Ils ne peuvent pas non plus rester loin de leurs parents en attendant d’être nourrit, car bien que nourrit physiquement, les carences émotionnelles se feraient rapidement connaitre. Nos bébés sont donc des bébés « portés » comme les marsupiaux ou les primates. Mais ils ne sont ni passifs, puisqu’ils ne sont pas nourrit en continus comme les bébé kangourous, ni « actifs » puisqu’ils ne peuvent pas, seuls, s’accrocher sur le corps de leurs parents. Disons, que les bébé humains sont des bébé « portés » passifs qui participent activement à exprimer leur besoin et communiquent dès leur premières minutes de vie sur leur besoins physiologiques et émotionnels.
Garder cette vision à l’esprit permet d’aborder la vie de jeunes parents avec plus de sérénité, puisque s’effacent alors les nombreuses questions comme :
« Est-ce que je fais bien de le porter aussi longtemps ? »
« Est-ce que mon bébé pleure par caprice ? »
« Est-ce qu’il faut que je réponde à toutes ses sollicitations ? »
« Est-ce que je fais une erreur en gardant mon bébé dans les bras quand il dort ?
Pour répondre à ces questions, il nous suffit de revenir à notre instinct, à ce que nous sommes. Voir nos bébés comme des êtres fragiles, dont le principal lieu de vie est, pendant 9 mois durant, le corps de ses parents, permet de désamorcer les angoisses le plus souvent liées à des croyances collectives comme :
« Si tu le laisses pas pleurer un peu, tu ne pourras plus lui dire non ! »
« Si tu te précipites à chaque fois qu’elle t’appelle, tu en seras esclaves »
« Poses un peu ce bébé, tu vas en faire un capricieux »
En conclusion, pensons que si bébé savait s’accrocher à nous, comme le font les primates, il le ferait probablement la plupart du temps. Comme nos bébés savent rapidement participer activement à ces temps de portage (que ce soit à bras ou à l’aide d’un système de portage physiologique), j’aime imaginer que leur premier lieu de vie ex-utero est le corps de leur parents. Sécurisé, écouté, entendu et compris, bébé peut se laisser aller à la découverte de tout ce qu’il se passe autour de lui, il est acteur du portage, communique et se fait comprendre. Ainsi porté, il grandit, développe une partie de ses capacités physiques, physiologiques et émotionnelles. Petit à petit, ses besoins physiologiques satisfait et son réservoir affectif bien rempli, il va apprécier passé un peu de temps sur son tapis de sol, à découvrir le monde seul, et continuer de développer différemment ses capacité motrices.
Bébé aime être porter. Il en a besoin.