Le mythe du Parent Parfait

Il y a des mythes qui ont la peau dure. Celui du parent parfait est de ceux-ci. Et comme tous les mythes, il est aussi attirant qu’effrayant. Alors chacun, vient s’y frotter, une fois, puis deux‧ Se rapprochant chaque fois un peu plus près, pour se griser d’avoir bousculé ou caressé l’inatteignable perfection parentale. Que l’on veuille embrasser le mythe ou le voir s’effondrer n’a de sens que si celui-ci continue d’exister. Alors, on nourrit, l’un après l’autre, celui que l’on convoite puis rejette tour à tour.

Et c’est ainsi, que le mythe reste mythique, et traverse les âges, depuis la nuit des temps.

Dernièrement, j’ai été amenée à échanger avec plusieurs professionnels de la santé mentale (psychologues ou thérapeutes) qui remarquent, ces dernières années, une affluence croissante de mamans à leur cabinet, qui viennent consulter car elles se sentent « dépassées par leurs fonctions maternelles, surmenées, en perte de confiance et d’estime d’elle-même ». Oui, Mesdames, il semble que nous soyons, au moment où j’écris cet article, plus représentée que les hommes en tant que patientes pour ce qui concerne les questions parentales dans les cabinets de psychothérapie (simple ressenti, à discuter sur la base de statistiques officielles que je n’ai pas cherchées)‧ Contrairement à ce que peut laisser penser la tournure de mon texte, j’y vois une belle nouvelle qui montre que la sensibilité féminine globale continue de grandir alors même que celle de nos homologues masculins commence à éclore. En clair, nous questionnons tous, nous avançons, nous cherchons à mieux nous comprendre, chacun à son niveau, et nous grandissons tous ensemble ! J’y viens justement.

Alors certain‧e‧s verront, dans cette augmentation du nombre de consultations thérapeutiques des mères (mais aussi des pères, et il y en a), un problème, un fait de société (et un sujet juteux pour alimenter les médias de grande écoute à coups de reportages sur de diaboliques enfants ayant fait de leurs parents leurs objets de torture). Ils et elles relieront les difficultés parentales à la recrudescence d’informations concernant une parentalité qualifiée de « nouvelle » qui oriente sa démarche vers une relation bienveillante, respectueuse et sans violence. Elles et ils pointeront du doigt le danger de trop mettre en avant le bien-être de l’enfant au détriment de celui de l’adulte, qui clairement, « pète les plombs » face à tant d’attentes de perfection en sa qualité de parent. D’autres, encore, proposeront à la vente leur livre qui dénonce le caractère mercantile de la « parentalité positive et bienveillante » (On vend bien des livres sur le « Zéro déchets » dans les supermarchés, alors nous ne sommes plus à une hérésie près – je vous l’accorde, cela n’a rien à voir, mais ça fait du bien de le dire !).

Alors oui, il est possible que les parents (hommes et femmes) interrogent en ce moment différemment la relation qu’ils souhaitent créer avec leurs enfants. Ils et elles reçoivent de l’information. Beaucoup d’information qui est parfois donnée de façon maladroite, mal interprétée ou surinterprétée au risque d’être prise pour une généralité. Alors les mères et les pères creusent ces questions qui, parfois, ne les avaient jamais traversées avant. Suis-je juste dans mes attentes vis-à-vis de mes enfants ? Comment je me sens avec l’idée de m’agacer au moindre pleur ? Aujourd’hui, je pense que pleurer ce n’était pas être faible, est-ce que je peux continuer à dire à mes enfants d’arrêter de pleurer pour rien sans me questionner sur l’impact que cette phrase aura sur eux, tout au long de leur vie ? J’ai toujours entendu dire que dormir avec son enfant ne l’aiderait pas à devenir un adulte autonome, mais je me sens tiraillé car je vois bien que mon bébé à besoin de moi près de lui la nuit… d’ailleurs moi aussi j’ai besoin d’être auprès de lui. Est-ce que je fais mal ? Est-ce que j’ai raison de douter ? Est-ce que si je me questionne c’est parce que je suis une mauvaise mère ou un père défaillant‧e ?

À tous ces parents, qui se sentent perdus dans ce flot de questionnements qui parfois les submergent, parfois leur semble tourbillonner en eux, parfois les font se sentir en difficulté, ou les font culpabiliser, j’ai envie de dire qu’ils participent à un élan merveilleux qui vise à donner à leurs enfants des bases différentes et plus adaptée à la société qui se construit : la connaissance de soi ! Les meilleurs fondements d’une bonne estime de soi et d’une vie en confiance.

Est-ce que c’est dur ? Oui.

Est-ce que c’est plus difficile pour certains d’entre nous que pour d’autres ? Oui

Est-ce qu’il existe un risque de « Burn-out parental » ? Oui, cela existe et il convient d’en prévenir les risques et d’en connaître les symptômes pour savoir agir, pour soi ou pour les autres. La masse d’information sur la connaissance de soi, et la connaissance des modes de fonctionnement de nos enfants vient aujourd’hui percuter des schémas éducatifs et relationnels autrefois établis sans plus de réflexion. Tiraillé par un monde en mouvement, doit-on choisir d’avancer sans prêter attention aux dommages collatéraux ou de rester statique pour préserver la croyance d’une bonne santé mentale générale ? Je ne suis pas sûre d’avoir une réponse à cette question mais je suis d’avis que nous sommes faits pour avancer et évoluer en préservant celles et ceux pour qui le changement est plus difficile et en mettant en œuvre toutes les mesures d’accompagnement possibles. En tout cas, je ne pense pas qu’il faille faire feu sur l’avant du train, mais notre devoir collectif est de veiller à ce que tous les wagons soient assez solides pour rester accrochés pendant le voyage.

Est-ce que certains feront de la résistance pour rester dans des schémas désuets mais rassurants parce que connus ? Oui, comme ce fut le cas lors tous changements dans l’Histoire du Monde.

Est-ce que toutes celles et ceux qui se sentent bousculés ou en questionnement ont raison d’aller chercher de l’aide et du soutien pour avancer plus en douceur, mieux éclairés et plus sereinement ? Oui, oui et re-oui !

Plus de consultations des parents dans les cabinets de psychologues, plus de propositions d’accompagnement parental variées : Bonne nouvelle ! Là où certains y voient une défaillance des adultes et un glissement vers l’empire de l’enfant tyrannique, j’y vois, avec beaucoup de plaisir, un monde en mouvement ! Une construction vers un monde différent, que j’espère au combien meilleur, où les enfants, devenus adultes, auront les capacités à s’accueillir tel qu’elles et ils sont, à vivre pleinement ce qui vibre en eux, à s’épanouir en confiance et, de fait, à pouvoir être des compagnons de vie adaptés pour tous les autres humains qu’ils et elles croiseront sur leurs routes.

Alors, consultez tant et plus si vous en sentez le besoin ! Lisez, questionnez et interrogez ce que vous voulez vraiment pour vous et vos enfants. Entourez-vous de personnes en qui vous avez confiance. Vous êtes éveillés, vous grandissez et vous croyez en votre capacité à être un bon compagnon de route pour vos enfants. Vous êtes sur le chemin. Il est parfois sinueux, mais vous n’êtes pas seul‧e‧s. Vous êtes ce qu’il y a des mieux pour vos enfants et vous construisez avec eux leur avenir. Vous êtes ici, un parent éveillé, en route vers une parentalité Libre, Intuitive, Ecologique et Naturelle. Vous êtes en train de construire un LIEN avec le monde de demain. Remerciez-vous, et remercions-nous pour cela.

À vous tous,

Marjorie.

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